La Psychologie de la Paella

A Valencia, le rituel de préparation de la paella à l’air libre, se réalise depuis plus de trois siècles par les hommes et cela se perpétue de père en fils au fil de toutes les générations des Valenciens.

Le rituel de la Paella - Azulero de la Casa de Valencia en Madrid

La Psychologie de la paella

Le rituel de la cuisson de la Paella - Azulero de la Casa de Valencia en Madrid

Celui qui veut cuisiner un plat spécial pour un jour spécial décide très souvent de faire une paella.
Et dans toutes les régions d’Espagne et du Sud de la France, Narbonne, Béziers, du Nord à Nîmes mais aussi l’Ouest à Toulouse, ou l’Est à Marseille, se sont souvent les hommes qui décident de se mettre à cuisiner une paella à l’air libre.
Derrière ces faits, ce sont plusieurs facteurs psychologiques qui entrent en jeu.

Les symboles de la paella

1. Le feu 

L’ancestral rite du feu est partie intégrante de l’élaboration de la paella.
Celui-ci est la composante mythique et magique qui pousse l’Homme à officier la cérémonie, avec tous les rituels baroques qui l’accompagne. Le feu, avec tous ses symboles ambivalents, représente la purification & la punition, la puissance & la légèreté de l’impalpable, l’attirance & la répulsion.
Comme pour la cérémonie purificatrice, l’homme intègre ces quatre éléments basiques :
Le feu, la terre, l’eau & l’air.
Le feu s’appuie sur la terre, qui a donnée tous ces aliments, c’est l’élément physique qui provoque avec l’eau la cuisson par ébullition, et l’air qui avive le feu condense la vapeur d’eau qui, en se refroidissant, reviens au récipient ouvert à l’air libre…

2. Le groupe

Cuisiner une paella est un acte social qui se réalise à l’air libre entre amis.
La préparation est longue, la cuisson aussi. Et ce long moment de cuisine est souvent partagé entre hommes, même si les familles ne sont pas loin.
C’est l’occasion de se faire accompagner & aider par ses amis, de se retrouver.
Un grand moment de partage souvent accompagné de vin.

Le rituel de la cuisson de la Paella - Azulero de la Casa de Valencia en Madrid

3. Le Machisme

Social mais surtout masculin. Car c’est en dehors de la cuisine et loin de toute connotation féminine que cela se passe.
Le cuisinier souhaite démontrer publiquement ses aptitudes à réaliser un plat compliqué & baroque, pour lequel il est extrêmement difficile d’obtenir le point optimal de cuisson.
En conséquence de quoi, s’il réussi, son succès est applaudis, et il ressent l’émotion de l’artiste sous les applaudissements du public.

4. L’abondance

  1. La constitution de la paella fait que l’on en aperçoit la majorité des ingrédients.
    Si l’on ajoute à cela la grande taille du plat, on est dans la symbolique de l’abondance ramenée par le chasseur, qui revient nourrir son clan.
    D’autant plus que le riz, qui se digère lentement, produit une agréable sensation de satiété.

Toutes ces sensations de plaisirs physiques & psychologique, consciente & inconsciente, comme la satisfaction de réussir ce plat, cette démonstration de force & de maîtrise, ses saveurs, cette dégustation partagée jusqu’à la digestion entre commentaires, félicitations et plaisanteries autour de celui qui a cuisiné, sont une partie essentielle de la raison du succès mondial de la paella de Valencia.

Texte inspiré du livre de Lourdes March « El libro de la paella y de los arroces »